Toute la journée, Aiya l’avait passé entre les rayons de la MP Gaz Station pour les réapprovisionner et la tête dans les toilettes à dégager tout ce qu’elle avait précédemment avalé. Elle n’arrêtait pas de se dire que celui qui avait choisi pour nom « nausées matinales » ce qui lui arrivait depuis quelques semaines, s’était tout simplement loupé puisqu’elle ne subissait pas que ça le matin mais, aussi midi, après-midi et soir. Cela la fatiguait, elle n’en pouvait plus à tel point qu’elle s’était décidée à aller voir le médecin dès le lendemain pour enfin être soulager. Ainsi, après avoir galérer toute la journée, avoir supporter les clients les plus chiants et désagréables et surtout après avoir vu le début des fesses du gros tout poilu qui vient tous les jours ici pour mater les seins de la jeune femme, Aiya pu enfin rentrer chez elle et faire une petite sieste qu’elle méritait bien.

Vers dix-neuf heures, après s’être apprêtée d’une jolie robe noire et d’un maquillage nude, Aiya se décida à sortir aller boire un verre. Elle habitait seule dans son loft, malgré qu’elle n’aurait jamais dit non à un quelconque colocataire, et de ce fait, souvent sa peur de l’abandon faisait son apparition. C’est à ce moment-là qu’elle se sentait obligé de voir du monde, au risque de faire un crise de tétanie. Donc ce soir, comme souvent à son habitude, elle se décida d’aller se ressourcer au bar O’Donnell’s en espérant voir des têtes qu’elle connaissait.

Affalée à une table, toute seule encore, elle se commanda un 300, un mélange d’alcool de pisang et de vodka avec du jus d’orange et de la grenadine. Elle le savait, elle devait s’arrêter côté alcool mais, pour elle, cela n’était qu’un verre et elle s’arrêterait là de toute façon mais, il fallait qu’elle en boive un avant de s’arrêter, ou pas d’ailleurs, de boire. Perdue dans ses pensées, elle ne calculait finalement pas ni les lieux, ni les personnes qui l’entouraient. Pour faire cela, elle aurait même pu rester chez elle mais, aiya avait quand même besoin de ce bruit autour d’elle pour se sentir bien.

« Alors, t’as quoi pour moi ? » La blonde grimpe gracieusement dans l’habitacle de sa vieille chevrolet et pare ses lèvres pulpeuses d’un sourire séducteur. Ella … foutrement bandante celle-là, quoiqu’un peu conne … « Le mélange habituel. » Désinvolte, Roni plonge la main sous le siège de la voiture pour y en ressortir une petite enveloppe blanche. « T’as le fric ? » L’allumeuse lève les yeux au ciel avant de glisser ses ongles manucurés dans son décolleté. Le rouleau qu’elle balance entre ses jambes contient plus de quatre cent dollars. L’ingénue est certes niaise mais à elle seule, elle représente 20% de ses deals. Une cliente premium qu’il se doit de fidéliser. « Tiens, j’ai un nouveau truc pour toi, la défonce est sympa. » La deuxième enveloppe trouve refuge entre ses doigts fins mais Ward ne peut s’empêcher de resserrer son étreinte sur le bout de papier. « Easy, tout de même … Tu vas finir par te flinguer le cerveau. » Et elle se marre l’aguicheuse … se foutant pas mal de l’avertissement, pertinemment consciente qu’elle est déjà totalement barrée. « Le jeudi, je suis ta dernière cliente, j’me trompe ? » Observatrice la blondasse. L’enfant terrible hoche la tête. Il voit parfaitement où elle veut en venir. « Viens avec moi, je t’offre un verre, on plane un peu et après, je te laisserai même me sauter à l’arrière de ta caisse. » Le plan est plutôt tentant et puis, cela lui permettra de passer devant la villa de Barbra, sur le chemin du retour, afin de s’assurer que celle-ci soit bien sagement au fond de son lit.

Ella sur ses talons, le dealeur pénètre dans le bar. L’odeur de l’alcool l’électrise alors que les corps s’échauffent sur la piste de danse. Depuis le début du mois, les soirées étudiantes vont bon train, il en est de même pour les bizutages. Une aubaine pour son business, déjà florissant. L’étrange couple sillonne entre les tables et la liane enfonce subitement sa main dans la poche arrière de son jean, le priant de s'arrêter. Sa bouche, peinte d’un rouge couture, s’écrase dans son cou et ses murmures se font implorants. « Tu me ramènes un Cosmo’ ? J’vais nous chercher une table. » Ella s’échappe. L’insolent se fraye un chemin jusqu’au comptoir lorsque son regard se retrouve happé par la silhouette délicieuse d’Aiya. Aiya et son tempérament de feu. Aiya et son polichinelle dans le tiroir. Roni stoppe sa course et détaille d’un bref coup d’œil le contenu de son verre. « Qu’est-ce que tu fous là toute seule ? » Elle se la joue indépendante la môme. Une vague illusion … Tout connard qu’il est, Ward s’empare du contenant avant de le vider d’une seule gorgée. Infâme … Un cocktail de meuf, rien de plus. « J’vais te chercher un lait fraise. Ça sera plus raisonnable … » Il ne peut s’empêcher d’y faire référence Roni, mais il faut qu’elle en prenne conscience la brunette … et qu’elle agisse avec maturité. Pour elle, pour le bébé …